On me demande souvent comment on fait pour vivre sans frigo et d’autant plus sous les tropiques.
Et bien très franchement ce n’est pas compliqué, il suffit de connaître quelques petites règles et astuces, et tout cela devient vite très normal.
Je ne ressens jusqu’ici absolument pas l’envie d’avoir un frigo, car…
Déjà à quoi ça nous servirait ? Allez, à la limite, aujourd’hui je dirai que j’en conçois l’utilité quand on est seul ou à deux, car pour varier et équilibrer les repas il faut en général cuisiner des quantités d’ingrédients qui sont un peu trop importantes pour un seul repas à deux, dans ce cas- là, oui ce serait « confortable » de pouvoir entreposer des aliments déjà cuisinés. Mais cela nous arrive très rarement sur Karaka puisqu’on est généralement 4 à 7 personnes 80% de l’année.
Pour moi un frigo c’est désormais : un truc de plus à réparer, un truc de plus qui pompe de l’électricité, un risque de nid à microbes si mal nettoyé et de la bouffe entassée et oubliée (vie en colloc’), des bières et de la crème fraîche à dispo alors que je suis contente de ne pas les avoir 100% du temps et de garder ces plaisirs juste quand on va à terre.
C’est pour moi finalement plus de désavantages que de bénéfices.
Une règle de base pour vivre sans frigo est d’acheter des fruits et légumes qui ne sont jamais passés par la réfrigération. Achetez-les au marché local, ou au supermarché rayon hors frais. Une fois qu’ils sont passés au frais, nous n’arrivons pas à les maintenir plus de quelques jours à l’air ambiant, ils pourrissent.
Si on les achète hors frais, ils peuvent, selon les variétés et les régions du monde où on les achète, tenir 1 à 3 semaines, voire plus s’il s’agit de courges, pommes de terre, oignons, choux, etc…
Il y a plein de produits que les gens ont l’habitude de mettre au frais alors que ce n’est pas forcément nécessaire.
Quelques exemples :
- Les œufs, s’ils ne sont pas passés par la chaîne du froid, nous les conservons en général jusque 6 semaines, en pensant à les retourner 1 fois par semaine, pour éviter d’avoir le jaune collé à la coquille.
- Le beurre se conserve très bien 2-3 semaines dans un conteneur, tant que vous faîtes attention à ne pas le contaminer avec un couvert souillé. Même principe pour une moutarde…
Je n’utilise pas de beurre pour la cuisine, je remplace son équivalent en poids par 20 à 50% d’huile.
- Le fromage se conserve aussi plusieurs semaines, selon le type de fromage et le climat, vous pouvez faire des tests mais soit vous le laissez à l’abri du soleil mais au vent derrière une moustiquaire pour le sécher (cheddar, gouda), ou bien si c’est un fromage frais vous pouvez le saler un peu et le rouler en bille (avec des herbes) et le plonger dans l’huile d’olive pour plusieurs semaines. Certains fromages peuvent aussi se conserver dans de l’huile végétale mais elles rancissent souvent à partir d’1 mois et rendent le fromage encore plus gras à la fonte, donc nous le pratiquons plus rarement. Aussi quand on n’a plus de fromage après plusieurs semaines d’isolement, on est content d’une pause, et on sait que ce sera un petit trésor à savourer à la prochaine station terrestre.
- Le lait, on peut l’acheter en brique UHT, il se conserve hors frais. Ou en poudre… Si on n’en a plus on peut faire du lait végétal en mixant des flocons d’avoine trempés quelques heures et filtrés.
- Le yaourt peut parfois aussi se trouver UHT dans certaines régions du monde, mais c’est rare. Sinon s’il est frais et si il n’est pas ouvert on peut le conserver jusqu’une semaine environ, une fois ouvert on peut l’utiliser pendant 2-4 jours. Dès qu’il tourne un peu je l’utilise dans une pâte à pain ou à naan, ça le rend plus souple et léger.
- L’eau pétillante, les bières & le vin blanc : on n’en n’achète pas. On en boit à l’occasion d’une sortie à terre.
- Les viandes rouges et poissons : ou bien on mange tout ou bien on les sèche. On les marine quelques minutes dans le vinaigre avec une pincée de sel et éventuellement des épices avant de les suspendre au vent, ce sera sec en 3-4 jours s’il ne pleut pas. On les mangera tels quels ou réhydratés.
Voilà un petit résumé d’une vie sans frigo qui va bien, c’est loin d’être exhaustif, car il y a plein d’alternatives comme, par exemple, le soja séché pour imiter les textures de viandes, la lactofermentation pour la conservation, les boissons fermentées de type « kôso » pour avoir du pétillant, etc etc…
Mais comme je préfère être dans l’action en cuisine que de blablater sur les réseaux, j’ai envie de vous dire « venez vivre assez de temps sur Karaka et vous découvrirez tout ça ! »
Emma